
Pouvoir pour et Pouvoir sur
Définition et enjeux du pouvoir
Tout le monde se souvient de l’Anneau de pouvoir de Gollum : son Précieux !!
« Un Anneau pour les gouverner tous », que chacun cherche à obtenir pour dominer le monde, et qui, une fois entre les mains de Frodon Sacquet, prend une autre dimension. Dans sa quête pour le détruire, il découvrira tout ce dont il est capable, le meilleur comme le pire, l’impact sur ses relations, et le sens de sa vie.
Dans le domaine du coaching, qui nous intéresse ici, quels sont donc les enjeux du pouvoir ?
Le pouvoir, qui, par essence, est un concept relationnel, se définit généralement comme la capacité d’un individu, ou d’un groupe, à influencer, contrôler ou orienter les actions, les décisions ou le comportement d’autrui.
Exemple : Le « Roi » du Petit Prince, est un monarque absolu, mais est seul sur sa planète : il n’a, en réalité, aucun pouvoir.
Le pouvoir a souvent une connotation négative, car associé à une relation de domination ou de soumission.
Cependant, s’il est effectivement la capacité de produire un effet, et la possibilité d’action sur quelqu’un, ou sur quelque chose, le pouvoir n’est pas obligatoirement coercitif ou autoritaire. Il peut être exercé de manière subtile et positive, par le biais de la collaboration, ou du soutien.
En sociologie, Max Weber définit le pouvoir comme « la probabilité qu’un acteur, dans une relation sociale, soit en mesure d’imposer sa volonté, quelle que soit la résistance. »
De même, Michel Crozier écrit : « Le pouvoir – au niveau le plus général – implique toujours la possibilité, pour certains individus ou groupes, d’agir sur d’autres individus ou groupes. »
Cette approche traditionnelle peut être enrichie par des analyses plus nuancées, comme celles du pouvoir « pour« et du pouvoir « sur« . François Delivré y a d’ailleurs consacré un chapitre très éclairant dans Le métier de Coach.
Chacune de ces formes représente une manière différente d’exercer le pouvoir, ayant des conséquences distinctes pour les individus et les groupes.
Analyser le pouvoir implique d’examiner les dynamiques de contrôle, d’influence, et de relations humaines.
Caractéristiques et impacts en coaching
Le pouvoir « pour« : Une approche constructive et coopérative
Le pouvoir « pour » est la capacité d’utiliser ses ressources physiques, juridiques, intellectuelles, financières… pour agir au bénéfice des autres. En retour, les autres peuvent également utiliser leurs propres capacités dans le même esprit.
C’est une forme de pouvoir qui cherche à créer, inspirer, et responsabiliser, en promouvant la coopération, la collaboration et le soutien mutuel.
Le monde en pouvoir « pour » (et donc « avec ») est fondé sur le respect, par chacun, des besoins d’autrui.
- Quelques caractéristiques du pouvoir « pour »:
– Responsabilisation : Il s’agit d’encourager les autres à agir, à prendre des décisions, et à se sentir responsables de leurs propres résultats. Le but est d’accroître le pouvoir personnel des individus, et leur autonomie, en les rendant plus capables d’agir.
– Collaboration : Le pouvoir « pour » est souvent exercé de manière collective, en recherchant des solutions bénéfiques pour toutes les parties impliquées.
– Éthique de service : Ce pouvoir est motivé par une volonté d’aider les autres à atteindre leurs objectifs, à réaliser leur potentiel, ou à surmonter les obstacles.
– Renforcement des capacités : L’accent est mis sur la construction des compétences, des connaissances et de la confiance, non seulement pour soi-même, mais aussi pour les autres.
- Impacts du pouvoir « pour »
– Engagement et motivation : Les individus se sentent motivés et engagés lorsqu’ils perçoivent que leur propre pouvoir est respecté et encouragé.
– Création de confiance : En permettant aux autres de réussir, de prendre des responsabilités et de développer leurs capacités, le pouvoir « pour » génère une dynamique de confiance réciproque.
– Résilience et autonomie : Les individus sont encouragés à être plus autonomes et résilients, à prendre des décisions en connaissance de cause, et à trouver des solutions créatives à leurs problèmes.

Le pouvoir « sur » : Une approche coercitive et hiérarchique
Le pouvoir « sur » est la capacité d’utiliser ses ressources physiques, juridiques, intellectuelles, financières… pour exiger des autres qu’ils satisfassent nos propres besoins.
C’est une forme de pouvoir où l’objectif est d’imposer sa volonté sur les autres, ou de les contrôler, souvent au détriment de leur propre volonté ou autonomie.
Cette approche du pouvoir « sur » (et donc « sans ») repose sur un rapport de forces, où une personne, ou un groupe, domine l’autre, en exerçant une forme de coercition, de soumission, ou de manipulation.
- Quelques caractéristiques du pouvoir « sur »
– Autorité et domination : Le pouvoir « sur » repose sur l’exercice d’une autorité explicite ou implicite, souvent à travers des structures hiérarchiques. Le pouvoir est centré sur la domination et le contrôle.
– Contrôle des ressources : Celui qui détient le pouvoir « sur » contrôle l’accès aux ressources (argent, informations, influence), et décide qui peut y accéder.
– Soumission : Ce type de pouvoir cherche à obtenir la soumission des autres, soit par la contrainte, soit par la manipulation psychologique ou sociale.
– Conflit potentiel : Le pouvoir « sur » peut créer des tensions, des conflits et des relations antagonistes, car les parties dominées peuvent chercher à résister, ou à se rebeller, contre cette forme de contrôle.
- Impacts du pouvoir « sur »
– Résistance et rébellion : Les individus soumis à un pouvoir « sur » peuvent ressentir de la frustration, de la résistance, ou même une rébellion, contre l’autorité.
– Manque d’initiative : Ce type de pouvoir peut étouffer l’initiative et la créativité, car les personnes contrôlées n’ont pas la liberté d’agir selon leur propre jugement.
– Dynamique de peur : Le pouvoir « sur » peut créer un environnement de peur, de méfiance et de ressentiment, ce qui nuit à l’engagement et à la collaboration.
Bénéfices pour votre coaching
Le pouvoir « pour » et le pouvoir « sur » sont deux concepts fondamentalement différents en termes d’impact sur les relations et le développement personnel.
Le pouvoir « pour » favorise la croissance, l’autonomie et la collaboration, tandis que le pouvoir « sur » se concentre sur la domination, et peut freiner la créativité et l’engagement.
Un moyen efficace de réguler le jeu des pouvoirs est de suivre un code de déontologie, afin de veiller à ce que les valeurs et l’intégrité l’emportent sur les intérêts personnels. Cette déontologie sert non seulement de guide de conduite habituel, mais s’avère aussi un repère précieux en cas de situations douteuses ou problématiques.
En coaching, l’un des enjeux essentiel est bien sûr d’adopter une approche de pouvoir « pour », en aidant les personnes à développer leur propre pouvoir personnel, sans imposer de solutions ou de contrôle, dans un cadre de soutien et de coopération.
Elles peuvent ainsi découvrir et exploiter leur potentiel et leurs capacités, trouver leurs propres solutions, respectant leurs valeurs et besoins, et prendre des décisions basées sur leurs propres aspirations, et non celles imposées par d’autres.
Il est donc aussi important d’être toujours attentif aux éventuels passages en pouvoir « sur » du client, de l’entreprise, ou de soi-même (contexte et choix) !

« Le pouvoir, s’il est amour de la domination, je le juge ambition stupide. Mais, s’il est acte de créateur et exercice de la création, alors le pouvoir je le célèbre. » ~ Antoine de Saint-Exupéry
« Le pouvoir fondé sur l’amour est mille fois plus efficace et plus durable que celui qui émane de la peur du châtiment. » ~ Gandhi