
Le triangle de Karpman
Ou triangle dramatique
Concept défini par Stephen Karpman, médecin et psychiatre américain, en 1968, et issu de l’Analyse Transactionnelle.
Le triangle dramatique repose sur les « 4 mythes » d’Éric Berne. Ces mythes sont des croyances inconscientes poussant les individus à assumer un rôle, et à entrer en relation, sur la base du jeu psychologique :
1 – « J’ai le pouvoir de rendre les autres heureux » (sauveteur recherchant une victime)
2 – « Les autres ont le pouvoir de me rendre heureux » (victime recherchant un sauveteur)
3 – « J’ai le pouvoir de rendre les autres malheureux » (persécuteur recherchant une victime)
4 – « Les autres ont le pouvoir de me rendre malheureux » (victime attendant un persécuteur)
De quoi s’agit-il ?
Il permet de comprendre la façon dont une relation qui dysfonctionne se met en place entre deux personnes, et d’identifier des schémas de comportement dans lesquels les individus se retrouvent souvent bloqués.
Il montre que, dans ce type de relations, de jeux psychologiques, chacun des interlocuteurs peut adopter une des trois postures du triangle : Victime, Persécuteur ou Sauveteur.
Selon ce schéma, si une personne utilise l’un de ces rôles, elle entraine l’autre à jouer un rôle complémentaire.
A noter : le rôle de victime est systématiquement présent dans cette représentation, sans elle, les deux autres rôles n’ont pas de raison d’être !
Chacun de ces rôles est utilisé de manière à dominer l’autre psychologiquement :
– La Victime domine en attirant sur elle l’attention de l’autre, en l’apitoyant et en requérant son assistance (c’est une manière cachée de valoriser l’autre en se dépréciant pour ne pas avoir à assumer ses propres responsabilités).
– Le Persécuteur domine en imposant sa vision aux autres, et en exerçant sur eux son pouvoir au travers de ses critiques et jugements (c’est une manière cachée d’affaiblir l’autre pour ne pas assumer ses propres doutes et peurs).
– Le Sauveteur domine en s’occupant de l’autre de telle manière qu’il se croit (et souhaite inconsciemment être considéré) comme indispensable (c’est une manière cachée de rendre l’autre dépendant pour se rassurer sur son utilité et donc se (re)donner de la valeur sans avoir à se pencher sur ses propres ombres).
Pourquoi l’utiliser en coaching ?
Le triangle de Karpman peut être utilisé pour analyser, et traiter, les situations de malaise relationnel, de conflit, voire de manipulation, et pour sortir de ces cycles répétitifs, en adoptant des comportements plus sains.
Chacun d’entre nous a un rôle symbolique privilégié avec lequel il aborde ces jeux psychologiques. Cependant, nous ne sommes pas figés dans le triangle de Karpman. Nous pouvons facilement, selon les circonstances, osciller d’un rôle à l’autre, en ressentant, tour à tour, de la colère, de la frustration, de l’épuisement, de la culpabilité, de la déception…
Bien nous connaître, et travailler sur nos points faibles liés à ces jeux, va nous permettre de diminuer le nombre de fois où nous entrons inconsciemment dans un rôle. Nous pourrons ainsi éviter le « Triangle des Bermudes » relationnel !
Nous serons ainsi capables de sortir de ce triangle dramatique, afin de vivre des relations équilibrées et saines, en développant notre assertivité, notre position OK +, OK +.

Comment fonctionnent les 3 rôles ?
- Rôle de Sauveteur
Comportements et dynamiques
– Propose de l’aide sans aucune demande
– Propose de l’aide à partir d’une position supérieure
– Méconnaît la capacité qu’ont les personnes à penser, agir par elles-mêmes
– Est serviable dans le but (non conscient) de garder les autres sous sa coupe
– Rend les autres dépendants
– Attend un bénéfice pour son aide
– Cherche à se valoriser, et à se réaliser, en volant au secours des autres
C’est souvent de la pitié, de la culpabilité, ou simplement de l’anxiété, qui mettent le sauveteur en action.
L’objectif (non conscient) est de rendre les autres dépendants.
Le sauveteur est, la plupart du temps, convaincu qu’il doit absolument faire quelque chose.
Il croit savoir ce qu’il faut faire mieux que quiconque, se sent indispensable, et irremplaçable, même si on ne lui a rien demandé.
Il est porté à croire que le monde ne peut fonctionner sans lui, que la personne en face de lui est incapable de se débrouiller seule, de se prendre en charge elle-même.
En fait, il se croit plus compétent que la personne elle-même pour décider de ce qui est bon pour elle.
Le sauveteur se sent, à cette étape, une âme charitable, et un grand cœur, mais il protège quelqu’un qui ne lui a pas demandé d’aide, tout en négligeant ses propres besoins.
Malgré cette image de pureté relative, c’est plutôt pour se libérer de l’inconfort ressenti par la détresse de l’autre, que le sauveteur passe à l’action.
Malheureusement, il se rend compte rapidement qu’il ne voulait pas vraiment faire cela, il s’irrite, et, la plupart du temps, il s’en veut.
Il s’aperçoit que ce qu’il a fait n’était pas vraiment de son ressort, ou encore il se retrouve avec des problèmes qui ne le concernent pas, ou sont très différents de ce qu’il avait imaginé.
Il se demande s’il n’est pas allé trop loin, ne sait plus où s’arrêter, et voit la dépendance de l’autre s’installer. Bref, il s’est sacrifié, au lieu d’aider, et il s’en veut.
De plus, la victime, cette « âme en détresse », ne lui témoigne aucune reconnaissance. Elle ne se comporte pas correctement, et n’écoute plus ses conseils. Elle se sent contrôlée, incapable d’agir, et résiste.
Le sauveteur peut alors devenir persécuteur : imposer des règles sévères qui doivent être respectées, surveiller attentivement le comportement de l’autre, et au moindre écart, intervenir, se mettre en colère, et menacer de couper les privilèges…
Le sauveteur peut également devenir victime : il s’épuise à faire des efforts (non demandés), au mépris de ses propres besoins, se sent vidé, exploité, et abandonne.
Ces comportements nous placent dans une situation inconfortable, et risquent de nous mener à l’épuisement. Ils peuvent nous empêcher d’aider les personnes qui ont légitimement besoin d’aide, et le demandent.
Si l’on fait un parallèle avec les positions de vie de l’AT, le rôle de sauveteur serait une position OK+ OK- : subtil mélange de supériorité altruiste et d’intérêt personnel.
Pour éviter d’entrer dans le rôle de sauveteur, posons-nous quatre questions :
– Suis-je responsable du problème ?
– Suis-je compétent pour le résoudre ?
– Ai-je envie de le résoudre ?
– Y a-t-il une vraie demande ?
Si l’on n’a pas au moins trois réponses positives à ces questions : ne pas donner d’aide !
« Qui mieux que vous sait vos besoins ? Apprendre à se connaître est le premier des soins. » – Jean de La Fontaine

- Rôle de Victime
Comportements et dynamiques
– Se sent inférieure et « non OK »
– Se dévalorise
– Cherche quelqu’un pour résoudre les problèmes à sa place, lance des appels au secours, est confuse, oublie quand ça l’arrange
– Se met en position d’être critiquée, malmenée, secouée
– Ne reconnaît pas ses responsabilités dans une situation donnée
La position de la victime est « Pauvre de moi ! »
La victime se sent opprimée, impuissante, sans espoir, honteuse, et semble incapable de prendre des décisions, de résoudre des problèmes, de prendre plaisir à la vie, ou de parvenir à une compréhension approfondie de la situation.
Le plus souvent, la victime a un problème de dépendance.
Son objectif (non conscient) est de rendre les autres responsables de sa vie, d’encourager la pitié, d’être plaint, d’obtenir que quelqu’un fasse à sa place…
On reconnaît la victime à son discours, elle ne demande jamais directement une aide concrète mais se plaint, et fait des demandes indirectes :
- « Je fais tout bien, et il me fait sans cesse des reproches. »
- « Je ne vois pas comment la satisfaire, elle n’est jamais contente de toute façon. »
- « C’est pas de ma faute. »
- « Regarde ce que tu m’as fait faire. »
- « Sans toi… A cause de toi… Si j’avais su… »
- « J’ai essayé… j’ai voulu mais…»
- « C’est affreux. »
- « Je n’en peux plus, j’en ai marre. »
- « C’est trop compliqué. »
- « Le problème, c’est… »
- « Je n’en peux plus de ce client, il est infernal, il va me rendre malade. »
- « Tu as vu sur quel ton il me parle ? Je ne suis pas habilité à lui répondre. »
- « Vraiment il n’est pas juste, il me harcèle. » « Je ne veux plus le prendre au téléphone. »
- « Je n’ai jamais de chance, pour vous c’est plus facile. »
- « Tu ne viens jamais me voir. »
Ces messages sont autant de clignotants pour celui qui a un profil de sauveteur : s’il n’est pas vigilant, il va enfiler son costume de Zorro avant d’avoir compris ce qui lui arrivait.
De même le persécuteur-type sera attiré par ces plaintes, il aura naturellement envie de venir agresser cette victime auto-proclamée.
Si l’on fait un parallèle avec les positions de vie de l’AT, le rôle de victime serait la position OK- OK+ : elle est soumise et dépendante des autres.
Pour éviter d’entrer dans le rôle de victime
– Veiller à être acteur et responsable de sa vie
– Développer la confiance en soi
– Ne pas attendre des autres qu’ils prennent en charge nos problèmes
– Sortir de la plainte/critique
– Faire des demandes claires d’aide pour passer telle ou telle étape
– Apprendre à refuser ce qui ne nous convient pas
- Rôle de Persécuteur
Comportements et dynamiques
– Rabaisse les autres
– Critique de façon négative
– Adresse des reproches, fondés et répétitifs, ou non fondés
– Dévalorise, fait pression sur les autres
– Humilie
– Méconnaît la valeur et la dignité de ses interlocuteurs
– Instaure des règles irréalistes, et les met en pratique avec dureté
– Etablit des contrats peu clairs, s’en prend à plus faible que lui
– Ne donne pas toute l’information nécessaire à l’action
En position de persécuteur, la personne agit comme si elle estimait être meilleure que l’autre.
Sa communication est faite en grande partie de dévalorisations, d’attaques et de critiques directes ou indirectes.
Dans ce rôle, la personne imagine qu’elle va dominer l’autre par son comportement.
Pour le persécuteur, la victime n’a pas d’importance.
Il peut facilement devenir manipulateur.
L’objectif (non conscient) est de rendre les autres responsables de ce qui ne marche pas, et de pouvoir exprimer sa colère.
Si l’on fait un parallèle avec les positions de vie de l’AT, le rôle du persécuteur serait la position OK+ OK- : domination et dévalorisation d’autrui.
Pour éviter d’entrer dans le rôle de persécuteur
– Arrêter de critiquer et de dévaloriser son interlocuteur
– Apprendre à repérer notre façon habituelle d’entrer dans des conflits ou malentendus relationnels
– Clarifier les responsabilités de chacun
– Donner les informations nécessaires à la compréhension de l’interlocuteur
– Prendre le temps d’expliquer nos propres attentes et nos valeurs, en acceptant que celles de l’interlocuteur soient différentes
– Faire des demandes claires
– Respecter l’autre, différent de moi
Bénéfices pour votre coaching
– Comprendre comment une situation qui dysfonctionne se met en place
– Comprendre quelles émotions, besoins, valeurs, se cachent derrière cette posture (persécuteur, victime ou sauveteur)
– Identifier les jeux de manipulation qui s’installent derrière les mots et les attitudes
– Aider le coaché à comprendre, et accepter, sa part de responsabilité dans la relation indésirable
– Chercher une solution de sortie afin de retrouver une relation saine
– Proposer des alternatives relationnelles positives, qui construisent un triangle gagnant, en développant la gestion des émotions et l’assertivité
La prise de conscience des jeux psychologiques que nous initions, ou auxquels nous répondons, est la première étape pour éviter de jouer.
Pour chaque jeu psychologique identifié, nous pourrons trouver nos points faibles, nos besoins cachés, et les relativiser, pour ne pas être « accrochés ».
Une fois ces attitudes identifiées, nous pourrons définir les attitudes positives correspondantes pour des relations gagnant/gagnant, OK+ OK+.

– « Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans un même jardin… et ils n’y trouvent pas ce qu’ils cherchent… »
– « Et cependant ce qu’ils cherchent pourrait être trouvé dans une seule rose ou un peu d’eau… »
– « Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur ».